17 novembre 2008

Un parti d'idées

Jacques Parizeau est allé faire son tour à Tout le monde en parle hier. Généralement, lorsque « Belette vibrante » se présente à une tribune en campagne électorale, les Péquistes ont tendance à se sentir quelque peu nerveux. On se souvient qu'en 2003, une de ses déclarations avait permis à Jean Charest de déstabiliser Bernard Landry lors du débat des chefs. Et bien que j'admire beaucoup M. Parizeau et ce qu'il a fait pour le Québec, je dois avouer que sa candeur n'a pas toujours servi la cause souverainiste, bien malgré lui.

Fort heureusement, hier soir, l'entrevue s'est non seulement déroulée sans accroc, mais a en outre redoré l'image de notre ancien Premier Ministre. Je vais m'attarder en particulier à une phrase qu'il a dite, répondant à Guy A. Lepage qui lui demandait de commenter les nombreuses guerres intestines qui semblent être coutumes au sein du Parti Québécois. Il a dit que ce genre de choses était tout à fait normal dans le cadre d'un « parti d'idées », en opposition à un « parti d'intérêts ».

Je suis heureux qu'il ait apporté ce point, car c'est une notion majeure pour bien comprendre la différence fondamentale entre le PLQ et le PQ. Patrick Lagacé, journaliste et blogueur à La Presse, s'amuse souvent à dire que le problème avec le PQ, c'est fondamentalement qu'il s'agit d'une formation « qui ne veut pas gagner, mais avoir raison ». Personnellement, à la lumière de la nuance apportée par M. Parizeau, je ne suis pas si sûr que c'est une mauvaise chose.

L'électorat est une bête encore sujette aux apparences et potentiellement manipulable par un soupçon de démagogie (la forte performance de l'ADQ lors de la dernière campagne peut en témoigner), mais les gens évoluent tranquillement et sont de moins en moins stupides. Peut-être que pour l'instant, le fait que le Parti Québécois prend plus de temps à essayer de se définir et à trouver les meilleurs moyens de servir le Québec qu'à élaborer des stratégies pour gagner leur vote ne leur permet pas d'occuper un gouvernement majoritaire, ou même de renflouer leurs coffres. Mais sur le long terme, à mesure que les électeurs vont devenir plus instruits, plus allumés, plus critiques, c'est ultimement vers ce genre d'option qu'ils vont instinctivement se tourner.

Autrefois, le PLQ était aussi un « parti d'idées ». Il faut rendre à César ce qui lui appartient: c'est bien les Libéraux qui incarnèrent la Révolution tranquille et permirent aux Québécois d'origine canadienne-française de se démarquer et de prendre la place qui leur revenait dans la vie sociale et économique de la province. Mais il y a une raison pour laquelle le PQ a été fondé peu de temps après (et plus tard, l'ADQ). Le Parti Libéral du Québec est vite devenu une formation qui avait des comptes à rendre à d'autres gens que leurs électeurs. Il n'y a pas de place pour des gens voulant réinventer le Québec lorsque le principe est de maintenir l'élite économique en place. Et rien n'est plus facile à encourager que le statu quo.