09 décembre 2008

Cacouna Matata

Hier soir, je me préparais à une soirée électorale assez morne et sans surprises. Étrangement, ce ne fut pas du tout le cas.

Bon d'accord, Charest a réussi comme prévu à aller chercher sa majorité, mais beaucoup plus difficilement qu'on l'aurait cru. Le PQ de Marois a fait mentir les sondages en formant une très forte opposition, malgré un très faible taux de participation, qui a d'habitude tendance à profiter aux Libéraux. Et la lutte fut très chaude dans plusieurs comtés, si bien qu'à 23 heures, soit 3 heures après la fermeture des bureaux de vote, on ne savait pas encore exactement de combien de sièges en haut de la majorité le PLQ menait. De plus, l'élection d'Amir Khadir, en tant que premier député à l'Assemblée nationale a permis de donner un peu plus de légitimité à cette alternative de gauche, nécessaire je crois en ces temps de cynisme vis-à-vis la politique.

Mais la plus grande surprise de la soirée fut sans nul doute la démission de Mario Dumont lors de son discours. On s'attendait à un Mea Culpa et à une réorientation de son rôle dans le parti, mais pas à ça. Dire que pas plus tard qu'au printemps 2007, j'avais prédit que s'il jouait bien ses cartes, il serait probablement le prochain Premier Ministre du Québec. L'histoire a fait qu'il n'a pas su profiter du momentum et qu'il a compris qu'il était temps de passer à autre chose, lui qui n'avait jamais rien fait d'autre que de la politique de sa jeune vie.

Le chef de l'ADQ, ayant grandi à la campagne et ayant complété ses études en milieu urbain, avait développé un talent très prononcé pour identifier les préoccupations de la population. C'est ce flair qui avait permis à son parti d'obtenir suffisamment de sièges au dernier suffrage pour former l'opposition officielle, devant les vieux routiers du PQ. Malheureusement, sa grande faiblesse était son incapacité à fournir des solutions pertinentes, réalistes et réalisables aux problématiques qu'il soulevait.

On le disait opportuniste et girouette, je crois qu'il était d'abord et avant tout populiste, dans le bon sens du terme. Il avait réellement la préoccupation de faire quelque chose pour le Québec et l'aider à grandir. Il fut cependant incapable de s'entourer d'une vraie équipe, pouvant le soutenir et le conseiller, de façon à avoir un minimum de recul et étoffer un peu sa vision.

Qu'arrivera-t-il de l'Action démocratique du Québec/Équipe Mario Dumont (c'est le nom officiel du parti qui était écrit sur les bulletins de vote hier) sans Mario Dumont? Va-t-il mourir à petit feu ou se joindre aux deux autres grands partis? Est-ce un retour au bipartisme, que l'on croyait mort et enterré? Le score de Québec solidaire et l'élection de Khadir nous permet de croire qu'une certaine pluralité des idées devrait se maintenir dans la vie politique du Québec. Évidemment, pour des raisons de conviction personnelle, je suis plutôt heureux que ce nouveau parti se situe plus à gauche sur l'échiquier politique, mais il est encore un peu tôt pour savoir de quoi l'avenir sera fait.

On a encore quatre ans à passer avec les Libéraux de Charest. Quatre ans, c'est une éternité en politique. On ne connait pas encore très bien les répercussions qu'aura ici la crise financière mondiale, ni ce qui va se passer fin-janvier à Ottawa quand la prorogation qu'a anticonstitutionnellement* demandée Harper aura pris fin. Mario Dumont a été élu facilement dans son comté et dans les 6 députés de son parti ayant conservé leur siège, plusieurs ont eu le temps d'acquérir assez d'expérience pour être en mesure d'apporter quelque chose de pertinent à l'Assemblée nationale, malgré le fait qu'ils ont perdu leur titre de parti officiel, avec tous les avantages que cela comprend.

Et on sent que la souveraineté du Québec est sur le point de faire un retour en force. Si Pauline Marois fait bien son travail, les choses pourraient être assez différentes dans quatre ans.


*Oui! J'ai réussi à placer le plus long mot du dictionnaire dans un texte.

03 décembre 2008

Pourquoi j'appuie la coalition PLC/NPD

  • Parce que le gouvernement Harper a prouvé la semaine dernière qu'il n'était pas en mesure de bien représenter la volonté de ses électeurs, en imposant aux autres députés de la Chambre des Communes un énoncé économique qu'il savait aller contre la volonté de la majorité des représentants.
  • Parce que cela permettrait au Bloc québécois (pour qui j'ai voté) d'avoir un véritable poids dans les décisions du gouvernement et de permettre aux intérêts du Québec d'être représentés mieux que jamais dans l'histoire parlementaire canadienne.
  • Parce que Stéphane Dion, sachant qu'il vit sur du temps emprunté, fera tout pour prouver aux Canadiens et aux membres de son parti qu'il est en mesure de bien diriger le pays durant cette tempête économique.
  • Parce que le NPD (qui a moins de députés élus que le Bloc québécois, un parti condamné à être régional), ayant une opportunité en or d'avoir un rôle au sein du gouvernement, travaillera également plus que jamais dans les intérêts des Canadiens, afin de maintenir cette coalition le plus longtemps possible et, en même temps, légitimiser leur existence.
Ça n'arrivera peut-être pas, mais si c'était le cas, il y a un potentiel d'avoir le gouvernement canadien le plus intéressant et le plus vivant de mémoire d'homme.

Et au pire, on prouvera que le Canada ne peut fonctionner et la ferveur souverainiste du Québec pourrait reprendre (ce que je ne détesterais pas non plus, par convictions personnelles).