16 janvier 2008

Rattrapage cinématographique #1 - Apocalypse Now (1979)

Pour le premier film de mon projet de découverte des classiques du 7e art, le choix fut plutôt évident. J'ai déjà tenté à plusieurs reprises au cours des années de visionner cette oeuvre de Coppola, mais chaque fois sans succès.

J'avais été plutôt impressionné par les courts extraits vus dans mes cours de cinéma à l'université et le documentaire Hearts of Darkness: A Filmmaker's Apocalypse, réalisé à partir d'images filmées par l'épouse du cinéaste lors du tournage, sur lequel j'étais tombé un dimanche après-midi au Canal D, avait également piqué ma curiosité. Mais à deux reprises, je suis tombé sur une copie VHS abîmée du film (une de la vidéothèque de l'UQÀM et une autre du club vidéo près de chez moi) et plusieurs années plus tard, en visionnant une copie neuve prise au club vidéo où je travaillais (de nuit), je m'étais endormi dans les 5 premières minutes du film. J'ai aussi tenté de lire le roman Heart of Darkness (Joseph Conrad, 1902), dont Coppola s'est très librement inspiré en transposant l'action lors de la guerre du Vietnam. Je n'ai pas dû me rendre à plus de 15 pages avant de perdre tout intérêt.

J'avais donc plus ou moins abandonné l'idée de voir ce film un jour, jusqu'à ce que je vois plusieurs années plus tard une édition DVD à rabais sur Amazon, contenant la version originale de 1979 du film ainsi que la version longue (Redux). Acheteur compulsif que je suis, je me suis empressé de commander l'item (avec la version 15e anniversaire de Reservoir Dogs, également en promotion).

Puis, le boîtier en carton a amassé de la poussière dans mon salon pendant un an et demi. Il faut dire qu'avec deux enfants, un travail à temps plein et une vie sociale, il est difficile de placer dans son horaire un 3 heures à consacrer au visionnement d'une allégorie nihiliste de la guerre du Vietnam.

Voilà pourquoi ce projet tombait à point et que j'ai choisi de finalement me taper ce film, récipiendaire de la Palme d'or à Cannes en 1979. Pour commencer, j'ai décidé de m'en tenir à la version originale de 153 minutes, plutôt que de la version Redux de 202 minutes de 2004. Ce qui s'avérera un bon choix, puisque la fatigue accumulée pendant le temps des fêtes m'a fait cogner des clous pendant une bonne partie de la dernière heure du film. Mais je compte bien éventuellement m'attaquer à cette autre version et venir en parler ici. Mais pas pour l'instant, disons.

Bon, assez de mise en situation et parlons du film. J'ai été agréablement surpris dès les premières scènes de découvrir que, malgré la lourdeur du sujet, le produit final n'était pas trop aride à regarder. Aussi, je m'attendais à quelque chose de moins ancré dans la réalité du conflit et de plus intemporel, étant donné que le film a été tourné très peu de temps après la fin de la guerre du Vietnam. Je croyais également, en partie à cause du fait que le film est inspiré d'un livre de 1902, que l'utilisation de cet événement précis n'était qu'un prétexte pour situer l'histoire qu'il voulait raconter. C'est en partie vrai, surtout dans la dernière partie du film avec Marlon Brando, mais pour la majeure partie du récit, on sent vraiment que Coppola a des choses à dire sur la guerre du Vietnam et qu'il ne se gêne pas pour le faire.

Une de mes scènes préférées est celle où l'équipage du bateau qui transporte le Capitaine Willard vers sa destination accoste un bateau de pêcheurs et où un malaise s'installe lorsque celui-ci abrège froidement les souffrances de l'innocente victime de ses camarades soldats l'ayant mitraillé sauvagement de manière préventive. Cela évoque de façon fort éloquente à quel point un militaire au combat finit par perdre toute prise sur la réalité et son sens de la perspective.

On sent aussi que l'action se déroule vers la fin du conflit et on le perçoit dans le désespoir et l'égarement spirituel des troupes américaines. Comme au moment où le Lieutenant Colonel Kilgare invective des soldats qui ne savent trop que faire face à l'ennemi mourant qui leur demande de l'eau. Bien que ce soit lui qui ait ordonné quelques instants plus tôt que l'on bombarde sans merci le site et ses occupants, il trouve quand même inhumain de ne pas donner un peu d'eau à une victime directe de ces directives.

La guerre est vraiment quelque chose d'étrange.

Aucun commentaire: