19 octobre 2009

Au pays des Maximonstres

J'ai toujours été un grand amateur de littérature destinée aux enfants. Lorsqu'elle est bien faite, elle offre souvent au lecteur une porte vers un monde imaginaire et une vision merveilleuse de la réalité difficiles à retrouver dans les oeuvres pour les "grandes personnes".

Malheureusement, la littérature française ne regorge pas de classiques pour enfants. Après les Fables de Lafontaine, Babar et Le Petit Prince, il ne reste plus grand chose. En revanche, la culture anglo-saxonne a un corpus beaucoup plus intéressant et en vieillissant, je m'y suis beaucoup intéressé et j'ai commencé à remplir la bibliothèque de mes enfants de ces classiques, comme Winnie-the-Pooh, How the Grinch Stole Christmas, Curious George, The Color Kittens, etc. D'abord en version anglaise pour qu'ils puissent profiter de la musicalité des rimes originales, puis après m'être rendu compte que mon accent anglais était trop mauvais et que de toute manière, mes enfants voulaient savoir ce qui se passait, j'ai finalement opté pour des traductions.

Le dernier en lice: Max et les Maximonstres (v.f. de Where the Wild Things Are, Maurice Sendak, 1963). Acheté en avril dernier, sachant que la version cinématographique allait sortir au cinéma au cours de l'année, ce petit livre est vite devenu le préféré d'Alice, ma fille de 3 ans. Quand je lui ai mentionné au passage il y a quelques semaines que le film allait sortir sur grand écran, elle s'est mise à m'en parler à peu près à tous les jours, débordante d'excitation, surtout après avoir vu la bande-annonce. Puis, depuis une semaine, elle réclame sans cesse que je lui fasse jouer en boucle la très bonne bande sonore originale du film, composée et interprétée par Karen O. des Yeah Yeah Yeahs.

Je ne savais pas trop à quoi m'attendre, même si je suis un grand fan du réalisateur, Spike Jonze. Grand amateur de skateboard et ayant d'abord fait sa marque en réalisant des vidéoclips pour, entre autres, les Beastie Boys, R.E.M., Weezer et Fatboy Slim, sa filmographie n'est pas tout à fait "kid-friendly" (Being John Malkovich, Adaptation et Jack-Ass). Et les rumeurs entourant la production du film (qui devait originalement être distribué en salles début 2008) semblaient indiquer que Warner Bros. craignait que le film soit très difficile à vendre, car comportant des passages un peu trop effrayants pour les enfants et un contenu un peu trop adulte. D'autant plus que la version finale fut affublée de la mention PG (Parental Guidance), qui indique généralement qu'ils laissent aux parents le soin de juger si leurs enfants sont assez matures pour apprécier le long-métrage.

Donc, samedi après-midi, Alice et moi nous sommes engouffrés tous les deux avec un gros sac de popcorn dans une salle du cinéma Saint-Eustache. Fait intéressant: les 3 trailers de films à venir présentés étaient tous des histoires pour enfants adaptées par des cinéastes réputés: Alice in Wonderland, de Tim Burton, A Christmas Carol, de Robert Zemeckis et The Fantastic Mr. Fox, de Wes Anderson.

J'ai été fort agréablement surpris de me rendre compte que contrairement à tout ce que j'avais lu sur ce film, il s'agissait véritablement d'un film pour enfants dans la plus pure tradition. Je dirais même qu'à la limite, j'ai été quelque peu déçu, ayant probablement préféré par moments que Max, l'enfant joué avec brio par le jeune Max Powers, soit un peu plus turbulent et "sauvage". Je crois même que ma fille aurait été capable de prendre des Maximonstres légèrement plus effrayants et plus anarchiques.

Mais l'attrait principal de l'expérience fut de regarder les diverses réactions de ma fille qui, selon le moment du film, criait de joie, sautillait en tapant des mains, riait aux éclats, se collait effrayée sur moi ou pleurait à chaudes larmes. Juste ça, ça valait cent fois le prix du billet.

Et depuis deux jours, la seule chose qu'elle a en tête, c'est d'y retourner avec sa mère et sa soeur. En attendant, elle patiente en racontant ses bouts préférés du film à tout le monde, en relisant pour une centième fois son livre et en chantant sur le soundtrack qui joue dans la voiture.


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